Le réensauvagement de l’homme : un projet de civilisation humaine écologique

Voici le descriptif d’un séminaire qui se tiendra en mars 2022 à l’Université Bordeaux Montaigne.
Il est complet à l’heure actuelle, mais nous ne manquerons pas de vous en faire un compte-rendu.
Il constituera une excellente synthèse de nos idées.

C’est extrêmement encourageant de voir que nos idées sont abordées de manière aussi complète à l’École Doctorale. Nous allons tout faire pour voir émerger de plus en plus les idées primitivistes en France comme aux États-Unis et davantage. Participez au Mouvement !


Intervenants : Schalchli GAUVAIN, Marie PALACIO

La civilisation majoritaire de l’espèce humaine au XXIe est réductible à ce qu’on peut appeler la civilisation occidentale moderne, caractérisée entre autre par une technologie fortement mécanisée et automatisée, une culture naturaliste, des institutions fortement centralisées et bureaucratiques, une économie capitaliste et surproductive.

Cette civilisation est à la fois la cause principale de la croissance exponentielle de la population de l’espèce humaine sur la planète et du dérèglement écologique majeur. Cette civilisation qui a marqué la planète au point d’imprimer la marque de l’espèce humaine dans sa géologie et son écologie. Bien que les conséquences de cette civilisation sur l’environnement planétaire ait surgi de façon sensible récemment, les risques et les grandes lignes du mécanisme en jeu ont été décrites depuis longtemps.

La séparation de l’homme et de la nature est valorisée par certaines religions depuis l’antiquité mais ne s’est généralisée de façon systématique dans de grandes populations que progressivement et récemment dans l’histoire. Ce processus a été d’abord diagnostiqué par Rousseau dans son célèbre discours, puis plus récemment remis en cause par Bruno Latour dans son programme d’anthropologie symétrique ou encore théorisé par Philippe Descola sous le terme de « naturalisme » dans le cadre de sa classification des ontologies culturelles. Grâce à ces penseurs et analyste du comportement humain (et bien d’autres, par exemple Daniel Quinn dans son dialogue initiatique Ishmaël, Henri David Thoreau dans son éloge de la vie dans les bois), bien entendu soutenu par les découvertes fondamentales de la biologie et de l’éthologie (Charles Darwin, Konrad Lorenz, etc), la place de l’homme dans la nature a cessé d’être un dû ou un devoir, un obstacle ou une fin, pour devenir un fait à comprendre et un problème à résoudre.

Depuis toujours, le problème de la place de l’homme occidental dans la nature a évoqué le terme de « sauvagerie » ou « sauvage », tantôt comme épouvantail ou repoussoir, tantôt comme décryptage et contre-culture (comme chez Montaigne par exemple, cité à la fois par Descola et Rousseau). Il exprime en général le sentiment que provoque la nature étrangère à (non-dominée par) l’homme, mais aussi réciproquement le caractère de l’homme qui est en harmonie avec un environnement non-artificiel. C’est donc tout naturellement ce terme qu’ont choisi les acteurs et promoteurs d’une limitation de l’emprise du comportement humain sur l’environnement et les milieux.

On parle en effet de réensauvagement des territoires ou des écosystèmes quand on laisse libre cours à une rivière ou un fleuve autrefois barré par une centrale électrique et empêchant les migrations de poissons, ou l’interdiction de l’exploitation des forêts empêchant le déroulement de leurs cycles de vie et le développement de leur biodiversité. On pourrait parler aussi à plus petite échelle de réensauvagement d’un jardin auquel on cesserait d’imposer une scalpation systématique ou d’un trottoir où l’on laisserait pousser des pousses de végétaux et des mousses spontanées.

A l’image des Jarawa et de leur humanité nue et heureuse sans civilisation et sans état, ou des Jivaros et de leur environnement amazonien à la fois (si non indistinctement) jardin et forêt, nous proposons d’appeler plus généralement réensauvagement de l’homme, l’ensemble des processus et le projet de réinsérer l’homme et son comportement dans l’équilibre dynamique des autres facteurs et interactions de la biosphère terrestre. Le réensauvagement de l’homme peut porter sur toutes les sphères d’activités et peut comprendre tous les degrés imaginables intermédiaires entre un hypothétique sauvage absolu (comme les enfants sauvages) et le tout aussi hypothétique cyborg transhumaniste.

L’enjeu du concept est de construire rationnellement des expérimentations et des analyses sur les conséquences des comportements humains de masse sur la biosphère et les capacités humaines de se réadapter à des modes de vie écologiquement viables.

Nous proposons donc de réunir différentes contributions sous forme d’exposés oraux concernant des expérimentations existantes et prometteuses relevant du réensauvagement de l’homme (plantes sauvages, habitats légers, modes de vies préhistoriques, sexualité naturelle, économies circulaires, médecine préventive, agroforesterie, buschcraft, etc). Les présentations devront d’une part argumenter la subsomption du phénomène décrit sous le concept proposé et d’autre part discuter les potentialités d’application globale de ce comportement ou l’interaction avec d’autres processus de façon à avoir une incidence significative sur la compatibilité de l’espèce humaine et des écosystèmes récents et sur la durabilité de leurs interactions.

La journée d’étude sera clôturée par une table ronde visant à faire le bilan des critiques récentes du naturalisme issues de Bruno Latour et Philippe Descola et de leurs développements constructifs (écologie sauvage de Alessandro Pignocci, diplomatie inter-espèce et crise de la sensibilité de Baptiste Morizot, histoire écologique des idées de Pierre Charbonnier).

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*