Diogène de Sinope

Diogène de Sinope, également appelé Diogène le cynique, est un philosophe grec de l’Antiquité et le plus célèbre représentant de l’école cynique (Sinope v. 413 – Corinthe, v. 327 av. J.-C.). Il est contemporain de Philippe II de Macédoine et de son fils Alexandre le Grand qu’il a rencontré.

La masse d’anecdotes légendaires sur Diogène montre que le personnage a profondément marqué les Athéniens. Il vit dehors, dans le dénuement, vêtu d’un simple manteau, muni d’un bâton, d’une besace et d’une écuelle. Dénonçant l’artifice des conventions sociales, il préconise en effet une vie simple, plus proche de la nature, et se contente d’une grande jarre couchée sur le flanc — en grec pithos — pour dormir. Diogène a l’art de l’invective et de la parole mordante. Il semble qu’il ne se prive pas de critiquer ouvertement les grands hommes et les autres philosophes de son temps (parmi lesquels Platon).

C’est en partie à cause de leurs traits scandaleux que les écrits de Diogène sont tombés dans l’oubli quasi total. En effet, Politeia (La République), ouvrage aujourd’hui perdu et écrit par Diogène, repris et appuyé plus tard par la Politeia de Zénon de Cition, s’attaque à de nombreuses valeurs du monde grec, en admettant, entre autres, la liberté sexuelle, l’indifférence à la sépulture, l’égalité entre hommes et femmes, la négation du sacré, la remise en cause de la cité et de ses lois, la suppression des armes et de la monnaie, l’autosuffisance. Il satirise tout à la fois la pratique de la pédérastie et le modèle athlétique, très valorisé dans le monde grec. Quand un ami lui demande pourquoi les athlètes sont stupides, il réplique que « c’est parce qu’on les bâtit avec de la viande de porc et de bœuf ». Il se moque ouvertement du pancratiaste Dioxippos qui cède aux courbes de la première courtisane venue, en dépit de son entrainement rigoureux.

Pour Diogène, toute expansion artificielle de la société est incompatible avec le bonheur et la morale implique un retour à la simplicité de la nature. Son austérité et sa simplicité sont si grandes que les stoïciens le définiront plus tard comme un homme sage ou sophos. Selon lui, « les humains ont compliqué tous les dons simples des dieux ».

Diogène considère Antisthène comme le véritable héritier de Socrate et partage son amour de la vertu et son indifférence à la richesse, avec un mépris pour l’opinion générale. Il dédaigne Platon et sa philosophie abstraite, ce que Platon lui rend bien puisqu’il considère Diogène comme « un Socrate devenu fou ».

Loin de s’encombrer de discours théoriques abstraits et pédants, Diogène et ses disciples pratiquaient une philosophie « concrète », particulièrement inconciliable avec l’idéalisme platonicien, inutile et bien trop loin de la vérité « matérielle » du monde pour être pris au sérieux.

L’école du cynisme

L’autosuffisance

Au centre de la philosophie cynique se trouve l’idée d’autosuffisance. Le sage est celui qui est capable de se contenter du minimum, de manière à ne souffrir d’aucun manque et de pouvoir facilement faire face aux situations les plus difficiles.

Le sage cynique choisit donc de vivre dans l’abstinence, la frugalité. Il ne recherche aucune richesse, ni honneur, ni célébrité, ni privilège. Il n’a pas de maison, il se contente des nourritures les plus simples et refuse tout ce qui ne lui semble pas nécessaire.

Il se pare ainsi d’une simple besace et d’un unique manteau pour l’hiver et l’été. Il dort dans les temples. Il mendie sa pitance.

La voie la plus courte vers la vertu

Face aux écoles philosophiques dispensant un apprentissage long et technique, le cynisme se présente comme « la voie la plus courte vers la vertu ». Pour les cyniques, le simple fait de survivre dans le dénuement suffit à devenir sage. Il n’y a pas de savoir technique supplémentaire nécessaire.

« Un homme lui amena un jour son enfant, et le présenta comme très intelligent et d’excellentes mœurs. « Il n’a donc pas besoin de moi », répondit-il ».

Les philosophes de l’école cynique se refuseront toujours aux grands discours, préférant les maximes sibyllines et ironiques, l’efficacité du quotidien, la preuve par le fait et non par la parole. En d’autres termes, la vérité éthique, démontrée par l’expérience et non les vérités théoriques résultant de systèmes complexes.

La philosophie cynique a pour but une « sagesse », une éthique de vie. Selon Antisthène, aucun discours n’a de valeur, aucune étude ni savoir. Cependant il soutient, à la suite de Socrate, que la vertu s’enseigne. Seules comptent la sagesse et la vertu, double finalité de la philosophie cynique. Une fois cette vertu atteinte, le philosophe peut se considérer comme “libre”, car vivant dans l’atuphia, l’« absence de vanité » et l’ataraxie.

Nature, universalité et cosmopolitisme

Le mode de vie à suivre pour le cynique est celui du chien. Le chien mord, urine sur n’importe qui et copule n’importe où. La société est perçue comme corruptrice et changeante, tandis que la nature est vertueuse et universelle. Diogène se revendique ainsi cosmopolite, c’est-à-dire citoyen du monde. Son souci est de vivre selon des règles de vertu universelles.

Les armes du cynique sont la transgression, l’ironie et le quotidien de façon plus générale. En transgressant tous les interdits, le cynique prétend démontrer qu’aucune des règles sociales n’est essentielle et que seule compte l’éthique naturelle, universelle : la vertu.

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