Theodore Kaczynski

Theodore (dit Ted) Kaczynski, surnommé « Unabomber », né le 22 mai 1942 à Chicago, dans l’Illinois (États-Unis), est un terroriste américain, mathématicien de formation, activiste anarcho-écologiste et néo-luddite.

Il a fait l’objet de la chasse à l’homme la plus coûteuse de l’histoire du FBI, ayant aspiré, deux décennies durant, à devenir le « parfait tueur anonyme ». Il est en même temps l’auteur de plusieurs textes et ouvrages.

Il s’est battu, selon lui, contre les dangers inhérents à la direction prise par le progrès dans une société industrielle et une civilisation technologique, une société qui s’éloignerait de l’humanité et de la liberté humaine pour la majorité sinon pour la totalité de la population. Après des études et une courte carrière de professeur de mathématiques, il décide de se retirer dans la nature, et convainc son frère de prendre la même direction. À la suite de la disparition d’un lieu naturel où il se rendait régulièrement, il s’engage dans une campagne d’envoi de colis piégés de manière artisanale à diverses personnes au prétexte qu’elles construisent ou défendent la société technologique. Cette campagne d’attentats dure dix-huit ans, faisant trois morts et 23 blessés avec 16 bombes envoyées. Il est finalement repéré et arrêté le 3 avril 1996, avant d’être condamné à la prison à perpétuité.

Avant que son identité ne soit connue, le FBI se réfère à lui comme UNABOM (« UNiversity and Airline BOMber »). Plusieurs variantes de ce surnom seront utilisées par les médias : Unabomer, Unabomber et UniBomer.

Manifeste et postures idéologiques

Kaczynski résume ainsi les quatre postulats principaux qu’il affirme et développe dans ses écrits :

Le progrès technologique nous conduit à un désastre inéluctable ;
Seul l’effondrement de la civilisation moderne peut empêcher le désastre ;
Le gauchisme est la première ligne de défense de la Société technologique contre la révolution ;
Ce qu’il faut, c’est un nouveau mouvement révolutionnaire, voué à l’éradication de la société technologique, et qui prendra des mesures pour tenir à l’écart tous les gauchistes et consorts.

Kaczynski justifie la violence de ses actes :

« À mon humble avis, l’utilisation de la violence (exemple : contre la réalisation de l’utopie d’une société technologique inhumaine), c’est de l’autodéfense. Certains peuvent en débattre, bien sûr. Si vous pensez que c’est immoral et inadéquat, alors vous devriez éviter TOUTE utilisation de la violence. Mais j’ai une question pour vous dans ce contexte : quel genre de violence a causé le plus de dégâts dans l’histoire de l’humanité ? La violence autorisée par les États (la société, la civilisation, l’idéologie) ou la violence non autorisée, employée par des individus ? »

Selon lui, la révolution industrielle conduit nécessairement à un ordre économique et politique de plus en plus contraignant qui détruit la nature vierge, réduit la liberté individuelle, transforme l’homme en simple rouage du système technologique et qui, à court terme, détruira l’espèce humaine elle-même.

« Ce système n’existe pas pour satisfaire les besoins des hommes, et n’en est pas capable. Les désirs et le comportement des hommes doivent en fait être modifiés pour satisfaire aux besoins de ce système. »

Il en déduit que c’est toute la société moderne technologique qui doit être abattue. Il est bien conscient qu’un tel effondrement subit plongerait l’humanité dans la famine, et serait un cataclysme qui ferait périr beaucoup de gens, mais il conclut :

« On ne peut pas avoir l’argent du beurre et le beurre. »

Son texte, d’abord publié dans la presse américaine sous la menace, est par la suite librement édité soit sur Internet, soit par exemple en France sous forme de livre, en 1996, avec une préface d’Annie Le Brun et, en 1998, dans une nouvelle traduction par les éditions de l’Encyclopédie des Nuisances.

En 2008, Kaczynski publie son premier livre, L’Effondrement du système technologique, aux éditions Xenia à Vevey, en Suisse. Publié en anglais par les mêmes éditions sous le titre Road to Revolution, c’est une compilation de tous ses textes, et notamment du Manifeste, dans leur première version complète, corrigée et autorisée. Selon l’auteur, cette version doit désormais faire autorité.

Suiveurs

En 2000, Bill Joy cite un extrait du manifeste dans son texte Pourquoi le futur n’a pas besoin de nous publié dans le magazine Wired. Son texte inclut une réflexion sur les positions néo-luddites de Unabomber.

En 2011, le manifeste 2083 d’Anders Behring Breivik est un large copier-coller de portions du manifeste d’Unabomber, dont il se réclame.

Proche des idées, mais très critique à l’égard des anarcho-primitivistes

Dans l’article « La vérité au sujet de la vie primitive » produit après son arrestation, Kaczynski analyse les écrits et les thèses des anarcho-primitivistes qu’il juge ainsi :

« Le mythe du progrès n’est peut-être pas encore mort… Un autre mythe prend progressivement sa place, un mythe propagé surtout par les anarcho-primitivistes mais qui se répand également au sein d’autres mouvements. Si l’on en croit ce mythe, avant la civilisation, personne n’avait besoin de travailler, il suffisait de cueillir sa nourriture dans les arbres, la mettre dans sa bouche et passer le reste du temps à se divertir. Il n’y avait pas de différence entre les hommes et les femmes, il n’y avait ni maladie, ni compétition, ni racisme, ni sexisme ou homophobie, les gens vivaient en harmonie avec les animaux et tout était amour, partage et coopération. »

« De l’avis général, ce qui précède est une caricature de la vision des anarcho-primitivistes. La plupart d’entre eux – du moins je l’espère – ne sont pas à ce point déconnectés de la réalité. Ils sont toutefois très éloignés de notre vision et il est grand temps que quelqu’un dénonce leur mythe. »

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