Jean-Jacques Rousseau, né le 28 juin 1712 à Genève et mort le 2 juillet 1778 à Ermenonville, est un écrivain, philosophe et musicien genevois francophone.
Selon Claude Lévi-Strauss, Rousseau est le premier véritable fondateur de l’anthropologie, notamment car ce dernier aurait par son universalisme posé « en termes presque modernes » le problème du passage de la nature à la culture. L’historien Léon Poliakov ajoute que Rousseau invitait ses contemporains à faire des voyages dans les pays lointains, afin d’y « étudier, non toujours des pierres et des plantes, mais une fois les hommes et les mœurs ».
Discours sur la science et les arts
La pensée de Rousseau s’articule autour de trois axes : la distinction entre les sciences et arts utiles et ceux qu’il estime inutiles, l’importance accordée au génie, l’opposition au luxe qui corrompt la vertu. Concernant le premier point, Rousseau donne aux arts et aux sciences une origine peu flatteuse : « L’astronomie est née de la superstition ; l’éloquence, de l’ambition, de la haine, de la flatterie, du mensonge ; toutes, et la morale même, de l’orgueil humain. Les Sciences et les arts doivent donc leur naissance à nos vices ». Toutefois, il distingue les sciences et arts utiles, ceux qui portent sur les choses et qui ont trait aux métiers, au travail manuel des hommes (au XVIIIe siècle, en France, le travail manuel est méprisé) d’avec les sciences et arts abstraits seulement motivés par la recherche du succès mondain. L’important, chez Rousseau, c’est la vertu, « science sublime des âmes simples » dont les principes sont « gravés dans tous les cœurs » et dont on apprend les lois en écoutant « la voix de sa conscience dans le silence des passions ».
Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes
En 1755, Rousseau publie le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Pour Jean Starobinski, Rousseau dans cet ouvrage « recompose une « genèse » philosophique où ne manquent ni le jardin d’Éden, ni la faute, ni la confusion des langues version laïcisée, « démythifiée » de l’histoire des origines, mais qui, en supplantant l’Écriture, la répète dans un autre langage ».
Rousseau imagine ce qu’aurait pu être l’humanité quand l’Homme était bon : c’est l’état de nature qui n’a peut-être jamais existé. C’est ce qu’on nomme une histoire conjecturale basée sur une conjecture c’est-à-dire sur une hypothèse. À partir de cette base, il explique comment l’Homme naturellement bon est devenu mauvais. Selon lui la Chute n’est pas due à Dieu (il le suppose bon), ni à la nature de l’Homme, mais au processus historique lui-même, et aux institutions politiques et économiques qui ont émergé au cours de ce processus. Chez Rousseau, le mal désigne à la fois les tourments de l’esprit qui préoccupaient tant les stoïciens mais également ce que les Modernes nomment l’aliénation, c’est-à-dire l’extrême attention que les Hommes portent au regard des autres. Attention qui les détourne de leur moi profond, de leur nature.
Rousseau termine son discours en définissant, d’une part, sa vision de l’égalité où l’inégalité des conditions doit être proportionnée à l’inégalité des talents, et en constatant, d’autre part, que l’Homme ne peut pas revenir en arrière, que l’état de nature est définitivement perdu.
De l’Education
L’ouvrage repose sur la conception fondamentale de Rousseau selon laquelle l’Homme est né bon mais la société l’a corrompu. Ainsi pose-t-il comme « maxime incontestable que les premiers mouvements de la nature sont toujours droits : il n’y a point de perversité originelle dans le cœur humain. Il ne s’y trouve pas un seul vice dont on ne puisse dire comment et par où il y est entré ».
Rousseau et la religion
La foi chrétienne de Rousseau est une sorte de déisme rationaliste, héritée de Bernard Lamy et de Nicolas Malebranchen : il y a un dieu parce que la nature et l’univers sont ordonnés. Rousseau n’est pas matérialiste (voir la Lettre à Franquières), mais il n’est ni un protestant orthodoxe, ni un catholique romain. Pourtant, il se dit « croyant », y compris dans sa lettre du 14 février 1769 à Paul Moultou, lequel semble désireux de renoncer à sa foi, et qu’il exhorte à ne pas « suivre la mode ».
En particulier, Rousseau ne croit pas au péché originel, une doctrine qui incrimine la nature humaine et qu’il a longuement combattue. Il parle avec ironie de ce péché « pour lequel nous sommes punis très justement des fautes que nous n’avons pas commises » (Mémoire à M. de Mably). S’il rejette cette doctrine, c’est pour des raisons théologiques, car il voit dans les implications de ce dogme une conception dure et inhumaine, qui « obscurcit beaucoup la justice et la bonté de l’Être suprême » ; mais c’est aussi parce que, se sentant bon, il ne peut concevoir d’être affecté par une tare secrète. Cette position l’amènera à forger la fiction d’un « état de nature », extra-moral et extra-historique, pour écarter tous les faits de l’histoire.
De l’état de nature à la société civile ou politique
Comme Thomas Hobbes et John Locke et d’autres penseurs de l’époque, mais à l’inverse de Platon, Aristote, Augustin d’Hippone, Nicolas Machiavel et d’autres, le point de départ de la philosophie de Rousseau est l’état de nature. Mais Rousseau ne considère pas les hommes qui de son temps vivaient en tribus en Amérique comme étant à l’état de nature : pour lui, ils sont à un stade plus avancé. Pour penser l’être humain à l’état naturel, il faut remonter plus loin et imaginer quelque chose qui n’a peut-être jamais existé. Rousseau écrit qu’il va considérer l’être humain « tel qu’il a dû sortir des mains de la Nature », ce faisant écrit-il « je vois un animal moins fort que les uns, moins agile que les autres, mais à tout prendre, organisé le plus avantageusement de tous ».
Selon Victor Goldschmidt, il y a d’abord un passage de l’état naturel à la société naturelle qu’il nomme aussi « jeunesse du monde » sans « impulsion étrangère » uniquement parce que « le mouvement imprimé à l’état de nature se poursuit de son propre élan ». Par contre le passage de la société naturelle à la société civile s’explique par plusieurs impulsions étrangères. Tout d’abord, le développement des techniques agricoles et métallurgiques entraîne l’appropriation et la division des tâches. Par ailleurs, des phénomènes naturels extraordinaires tels que les éruptions volcaniques viennent changer l’environnement physique des hommes. Tous ces bouleversements entraînent une exacerbation des passions humaines. Alors, pour éviter le pire, l’homme doit prendre une décision non naturelle et passer un contrat social. Pour Jean Starobinski, le passage de l’état de nature à la société civile d’avant le contrat social s’effectue en quatre phases :
- l’homme oisif vivant dans un habitat dispersé qui peu à peu s’associe en horde ;
- la première révolution : l’humanité entre dans l’ordre patriarcal et les familles peuvent se regrouper. Pour Rousseau, cette période est celle de l’âge d’or ;
- l’ordre patriarcal cède la place à un monde marqué par la division des tâches qui fait perdre à l’homme son unité. Les plus violents ou les plus habiles deviennent les riches et les autres les pauvres ;
- la guerre de tous contre tous entendue par Rousseau dans un sens à la Hobbes
À l’issue de ce processus, l’établissement d’un contrat social permet de sortir de l’état de guerre et de réaliser une société civile marquée par l’inégalité. Jean Starobinski écrit à ce propos : « stipulé dans l’inégalité, le contrat aura pour effet de consolider les avantages du riche, et de donner à l’inégalité valeur d’institution ». Dans Du contrat social, Rousseau cherche à sortir de ce premier contrat social inégalitaire à travers le concept de volonté générale qui permettra, selon l’expression de Christopher Bertam, « à chaque personne de bénéficier de la force commune tout en restant aussi libre qu’ils l’étaient dans l’état de nature ». Bref pour Rousseau l’État est le moyen de sortir du mal que constitue la société. Pour Victor Goldschmidt, il ne faut pas trop insister sur l’opposition entre le contrat du Discours et celui du Contrat Social car chez les deux l’inégalité est présente.
Victor Goldschmidt note dans Anthropologie et Politique (p. 779-780) que Rousseau « a découvert la contrainte sociale, le rapport […] social […], la vie et le développement autonomes de structures […], leur indépendance à l’égard des individus et, corrélativement, la toile de dépendance de ces mêmes individus à l’égard de ces structures »
Amour-propre et pitié ou la fin de l’homme naturellement bon
L’Introduction à la connaissance de l’esprit humain de Vauvenargues (1746) dont s’est inspiré Rousseau pour la distinction entre « amour propre » et « amour de nous-mêmes ».
Rousseau répète à plusieurs reprises que l’idée selon laquelle l’homme est naturellement bon et que la société le corrompt, domine sa pensée. La question qui vient alors à l’esprit est la suivante : comment le mal peut-il jaillir dans une société composée d’hommes bons ? L’adjectif « bon » ne signifie pas qu’à l’origine les hommes soient naturellement vertueux et bienfaisants mais, selon John Scott, qu’en l’homme « existerait à l’origine un équilibre entre les besoins et passions et la capacité à les satisfaire », et ce serait cet équilibre qui ferait l’homme « bon pour lui-même et non dépendant des autres », car précisément c’est la « dépendance vis-à-vis des autres qui fait les hommes mauvais ».
Rousseau avance que pour permettre la préservation de l’espèce, les créatures sont dotées de deux instincts, l’amour de soi et la pitié. L’amour de soi leur permet de satisfaire leurs besoins biologiques, tandis que la pitié les conduit à prendre soin des autres. Notons que, si la pitié est dans le Second discours, un instinct indépendant, dans l’Émile et dans l’Essai sur l’origine des langues, elle n’est considérée que comme un prolongement de l’amour de soi vu comme l’origine de toutes les passions.
La chute, ou le mal, s’introduit chez l’homme avec l’apparition de l’amour-propre, apparition d’ailleurs liée à la compétition sexuelle pour attirer un(e) partenaire. Rousseau écrit dans la note 15 du Discours sur l’origine des inégalités :
« L’amour de soi-même est un sentiment naturel qui porte tout animal à veiller à sa propre conservation et qui, dirigé dans l’homme par la raison et modifié par la pitié, produit l’humanité et la vertu. L’Amour-propre n’est qu’un sentiment relatif, factice, né dans la société, qui porte chaque individu à faire plus de cas de soi que de tout autre, qui inspire aux hommes tous les maux qu’ils se font mutuellement et qui est la véritable source de l’honneur. »
En résumé, l’amour-propre pousse les êtres humains à se comparer, à chercher à être supérieurs aux autres, ce qui engendre des conflits. Toutefois, si on regarde la façon dont il traite la question en partant de l’Émile, il est possible de noter que l’amour-propre est à la fois l’instrument de la chute de l’homme et de la rédemption. En effet, dans ce livre, l’amour-propre est la forme que prend l’amour de soi dans un environnement social. Si, chez Rousseau, l’amour-propre est toujours vu comme dangereux, il est possible de contenir ce mal grâce à l’éducation et grâce à une bonne organisation sociale, comme on les trouve exposées respectivement dans l’Émile et le Contrat social.
Même si l’amour-propre prend sa source dans la compétition sexuelle, il ne révèle son plein potentiel de dangerosité que lorsqu’il est combiné à l’interdépendance économique qui se développe lorsque les individus vivent en société. En effet, dans ce cas, les êtres humains vont à la fois chercher les biens matériels et la reconnaissance, ce qui les conduit à entretenir des relations sociales marquées par la subordination de certains et par le désir d’atteindre ses fins quels que soient les moyens employés. De sorte que sont menacées à la fois la liberté des êtres humains et leur estime de soi.
Passions, raison et perfectibilité
Rousseau précise dans le Discours sur l’origine de l’inégalité qu’il s’agit d’un état qui « n’existe plus, qui n’a peut-être jamais existé, qui probablement n’existera jamais » et ajoute plus loin que « le premier homme, ayant reçu immédiatement de Dieu des lumières et des préceptes, n’était point lui-même dans cet état ».
À la différence d’Aristote, mais comme d’ailleurs Thomas Hobbes et John Locke, pour Rousseau, la raison est subordonnée aux passions et notamment à l’amour-propre. Par ailleurs les passions et la raison évoluent, ont une dynamique propre. Au départ, à l’état de nature, l’être humain n’a que peu de passions et de raison. Rousseau note, concernant les hommes en l’état de nature (qu’il appelle les sauvages) qu’ils « ne sont points méchants précisément parce qu’ils ne savent ce que c’est que d’être bons ; car ce n’est ni le développement des lumières, ni le frein de la Loi, mais le calme des passions et l’ignorance du vice qui les empêche de mal faire ». La dynamique des passions et de la raison qui conduit à leur évolution est explicitée par Rousseau dans le passage suivant :
« Quoiqu’en disent les Moralistes, l’entendement humain doit beaucoup aux Passions, qui, d’un commun aveu, lui doivent beaucoup aussi : C’est par leur activité, que notre raison se perfectionne ; Nous ne cherchons à connaître que parce que nous désirons jouïr, et il n’est pas possible de concevoir pourquoi celui qui n’aurait ni désirs ni craintes se donnerait la peine de raisonner. Les Passions, à leur tour, tirent leur origine de nos besoins, et leurs progrès de nos connaissances; car on ne peut désirer ou craindre les choses, que sur les idées qu’on peut en avoir, ou par la simple impulsion de la Nature; et l’homme sauvage, privé de toute sorte de lumière, n’éprouve que les Passions de cette dernière espèce. »
Pour Rousseau, le trait dominant de l’homme, ce n’est pas la raison mais la perfectibilité. Parlant de la différence être humain et animal, Rousseau écrit « Il y a une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation, c’est la faculté de se perfectionner ; faculté qui, à l’aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l’espèce, que dans l’individu, au lieu qu’un animal est, au bout de quelques mois, ce qu’il sera toute sa vie ». Si Rousseau est un des premiers, voire le premier, à utiliser le mot perfectibilité, pour lui, le mot n’a pas qu’un aspect positif. Il a, au contraire, le plus souvent un aspect négatif. En effet, pour le citoyen de Genève, la perfectibilité est seulement la capacité de changer, capacité qui conduit le plus souvent à la corruption.
Vertu et conscience
Selon Georges Armstrong Kelly, « Rousseau se réfère à la « sagesse » comme le siège de la vertu, la conscience qui ne crée pas de lumière, mais plutôt qui active le sens de l’homme des proportions cosmiques ». Pour Rousseau, la vérité morale est l’élément unificateur de toute réalité. Les connaissances ne sont que de fausses lumières, de simples projections de l’amour-propre, si elles ne sont pas enracinées, comme chez lui, dans une certitude intérieure. Dans le cas contraire, la raison peut être corrompue par les passions et se transformer en raisonnements faux qui flattent l’amour-propre. Si la raison peut permettre d’accéder à la vérité, seule la conscience, qui impose l’amour de la justice et de la moralité de façon quasi esthétique, peut la faire aimer. Le problème, pour lui, est que la conscience basée sur une appréciation rationnelle d’un ordre tracé par un Dieu bienveillant est chose rare dans un monde dominé par l’amour-propre.
Rousseau et la botanique
L’œuvre de Jean-Jacques Rousseau sur la botanique comprend de nombreux textes : Les Lettres (élémentaires) sur la botanique à Madame Delessert (1771 à 1774), un dictionnaire Fragments pour un dictionnaire des termes d’usage en botanique (1770) qui est inachevé, plusieurs manuscrits sur la botanique, de nombreux herbiers et une riche correspondance avec des savants de plusieurs pays européens.
Fidèle au célèbre naturaliste suédois Carl von Linné, Rousseau n’en développe pas moins une philosophie naturaliste qui lui est propre. “Je ne connais point d’étude au monde qui s’associe mieux à mes goûts naturels que celle des plantes, et la vie que je mène depuis dix ans à la campagne n’est guère qu’une herborisation continuelle” (Les Confessions – Livre V).
Les descriptions de Rousseau sont à la fois scientifiques : il met un soin maniaque à décrire les fleurs, les pétales, les pistils, mais elles traduisent également son amour de la nature. Il fait preuve d’une étonnante inventivité lorsqu’il rédige des lexiques de termes botaniques en usage à son époque ou lorsqu’il met au point un ingénieux système de “sténographie” pour les transcrire dans le but de s’adonner plus commodément à l’herborisation.
Rousseau et le courant “urbaphobe”
Rousseau est considéré comme l’un des fondateurs du courant « urbaphobe » qui combat la grande ville. Dans l’Émile, Rousseau décrit son idéal, la ferme isolée vivant en autarcie sous un régime patriarcal : « ce pain bis, que vous trouvez si bon, vient du blé recueilli par ce paysan ; son vin noir et grossier, mais désaltérant et sain, est du cru de sa vigne ; le linge vient de son chanvre, filé l’hiver par sa femme, par ses filles, par sa servante ; nulles autres mains que celles de sa famille n’ont fait les apprêts de sa table ; le moulin le plus proche et le marché voisin sont les bornes de l’univers pour lui »
Rousseau comme fondateur de l’anthropologie
Claude Lévi-Strauss a déclaré que Rousseau « ne s’est pas borné à prévoir l’ethnologie : il l’a fondée ».
Lévi-Strauss souligne d’abord chez Rousseau le projet anthropologique cherchant distinguer l’apport de la nature et de la culture dans le fonctionnement des sociétés humaines. Lévi-Strauss insiste également sur l’injonction à voyager pour mieux comprendre l’être formulée par Rousseau et reprise de façon générale par l’ethnologie. Levi-Strauss cite Rousseau:
« Quand on veut étudier les hommes, il faut regarder près de soi; mais pour étudier l’homme, il faut apprendre à porter sa vue au loin; il faut d’abord observer les différences pour découvrir les propriétés. (Rousseau, Essai sur l’origine des langues, ch. VIII.) »
Lévi-Strauss remarque également que Rousseau déplorait le peu d’intérêt de ses contemporains pour étudier les cultures et les mœurs, qui préféraient selon lui voyager pour étudier les pierres et les plantes, plutôt que pour étudier les peuples.
Pour Lévi-Strauss, l’introspection qui caractérise la pensée de Rousseau est également une de ses influences sur la pensée anthropologique. Selon Lévi-Strauss, puisque l’observateur est son propre instrument d’observation dans l’expérience ethnographique, il doit faire particulièrement faire preuve d’introspection pour écarter ses biais. Lévi-Strauss contraste ainsi la pensée de Rousseau et celle de Descartes, où le second « croit passer directement de l’intériorité d’un homme à l’extériorité du monde, sans voir qu’entre ces deux extrêmes se placent des sociétés, des civilisations, c’est-à-dire des mondes d’hommes ».