FAQ

– Qu’est-ce que l’anarcho-primitivisme ?
L’anarcho-primitivisme est une doctrine politique qui s’appuie sur un rejet radical de la civilisation industrielle, celle-ci étant reconnue comme la source principale des différentes formes d’aliénation qui pèsent sur la liberté humaine. Les anarcho-primitivistes considèrent que la division du travail, le progrès et l’essor technologique, l’apparition des villes, le surplus économique, l’agriculture, mais aussi l’essor démographique – tous ces éléments qui forment la base des sociétés industrielles – ont entraîné le développement de structures hiérarchiques et oppressives, ce qui a constitué un terreau favorable au développement de l’État. Les anarcho-primitivistes prônent alors l’avènement d’une société qui s’inspirerait des sociétés pré-industrielles, en considérant que les sociétés primitives étaient/sont des exemples convaincants de sociétés anarchistes.
Vous pouvez trouver une définition plus détaillée dans cet article sur l’anarcho-primitivisme.

– Peut-on vraiment affirmer que les sociétés primitives étaient/sont anarchiques ?
Oui, les premières formes d’organisation sociale au paléolithique, que nous pouvons encore retrouver chez certains peuples chasseurs-cueilleurs contemporains, peuvent être qualifiées d’anarchiques : elles ne s’appuient pas sur un système de pouvoir vertical. Il existe une organisation, un ordre, une loi, qui émanent directement des membres de la communauté (clan), et non d’une entité de domination distincte. L’anarchie n’est pas une absence d’ordre (anomie), « c’est l’ordre sans le pouvoir », « la plus haute expression de l’ordre » (Élisée Reclus). Le clan, étant une entité soudée par des liens de sang, des mythes fondateurs et un totem, les intérêts “politiques” ne sont pas dissociés des intérêts intrinsèques au clan. Les autres formes d’exercice du pouvoir, telles que la chefferie, le royaume, l’État-nation, sont plus tardives et relèvent de la verticalité.

– N’idéalisez-vous pas la vie primitive ?
Nous nous appuyons sur une recherche pluridisciplinaire en sciences humaines, faisant appel à l’anthropologie, ethnologie, biologie, primatologie, paléologie, histoire, et tout ce qui peut aider à apporter une vision juste et honnête de la vie hors-civilisation. Nous nous en tenons aux faits et nous déterminons les causes et les conséquences des changements. Nous prenons en compte les altérités, la diversité de cultures primitives qui existent, leurs ressemblances, leurs différences et les raisons de celles-ci. Nous pensons qu’il existe une base commune, des universels qu’il convient de retrouver.

– Quelles revendications pour un anarcho-primitivisme politique ?
L’anarcho-primitivisme partage la plupart des revendications anarchistes, néo-luddites, anti-industrielles, identitaires, relevant de l’écologie profonde, et de la défense des droits des peuples autochtones. Nous encourageons un exode urbain, une réappropriation de connaissances élémentaires, une restauration des écosystèmes, une réorganisation sociale en communautés autosuffisantes et solidaires dans la mesure du possible sur la base de la filiation, et une réforme complète du système économique et politique.

– N’est-ce pas une utopie irréalisable ?
Nous pensons qu’il est tout à fait réaliste et réalisable d’envisager une vie plus conforme à nos besoins fondamentaux et notre environnement, tout en prenant en compte les contraintes temporaires du monde moderne. Il s’agit de mesures concrètes comme par exemple : prélever sa propre nourriture (cueillette, chasse, pêche sauvage, ou permaculture et élevage familial), pratiquer l’alimentation instinctive, apprendre à connaître les plantes et les utiliser de manière adaptée, constituer des petites tribus familiales autosuffisantes, limiter l’artificiel et le superflu. Il existe de très nombreuses initiatives allant dans ce sens.
À l’échelle de la société, il s’agit de repenser notre système et de mettre en application ce qui fonctionne. L’autosuffisance rend possible la suppression de l’obligation de travailler pour gagner un salaire pour “vivre”. Nous pouvons reconstruire un système parallèle d’échange basé sur le don/contre-don ou le troc. Quant aux enjeux liés à la mondialisation et la concurrence internationale, qui semblent obliger tous les pays à “rester dans la course” (du développement) les sciences peuvent nous aider à élaborer un plan stratégique qui prendrait en compte la nécessité temporaire de garder un pied dans le système afin de rester “à jour” par rapport aux autres dans les secteurs à risques, jusqu’à leur abolition.

– Quel avenir pour l’humanité si elle se contente uniquement de subvenir à ses besoins sans perspective de progrès ?
Il ne s’agit pas uniquement de subvenir à des besoins physiologiques bien qu’ils soient le terreau de toute vie possible. L’humain a aussi des besoins qui relèvent du social et du spirituel. De plus, vivre ne relève pas tant du “faire”, mais du “être” : c’est un état. Il n’y a pas d’un côté “subvenir à ses besoins” et “élever son esprit” : nous n’opposons pas matériel/spirituel, naturel/surnaturel. Quant au mode de vie primitif, il unit de manière permanente et omniprésente ces aspects qui semblent contraires dans notre culture dualiste. La nature en son intégralité est de la matière spirituelle, du spirituel matérialisé. L’intégration de soi dans la nature (réel) est une méditation continue qui ne se limite pas à ce qui semble visible pour les yeux. L’universalité de l’animisme, origine de toutes les spiritualités, atteste d’une vie intérieure importante dont l’expérience dépasse la satisfaction des besoins organiques.
Le “progrès”, qui est une fuite réelle et symbolique de l’état d’être, mène à son antithèse, en se faisant passer pour son but.

– L’anarcho-primitivisme est-il un rejeton de la culture bobo ? du new-âge ? des “chamanismes” contemporains ?
L’anarcho-primitivisme est le rejeton politisé de l’anthropologie, qui peut se manifester aujourd’hui à travers de nombreux courants, à divers degrés, tels que l’écologie profonde, le néo-luddisme, la collapsologie, le survivalisme, le naturalisme, le paganisme, effectivement le néo-chamanisme (mais local !), etc. Il ne s’agit pas de s’émerveiller bêtement sur un mode de vie idéalisé selon notre schéma bien/mal, de faire du tourisme “chez les bons sauvages” (surtout pas!) ou de tomber dans tous les pièges du charlatanisme, mais de se réapprendre soi-même chez soi. Quant à la culture bobo ou le new-age, vous pouvez juger par vous-mêmes le profil-type des personnes qui ont contribué à développer cette pensée.

– Les problèmes modernes ne reviendraient-ils pas de manière inévitable ?
Fort de 10 000 ans d’expérience, nous pourrions imaginer des solutions en remontant aux causes anthropologiques de la corruption, qui à l’heure actuelle ne sont que partiellement élucidées (cuisson des aliments).

L’homme est il devenu un cancer pour cette planète ? et à partir de quand ?
Nous pensons que l’être humain a toute sa place sur Terre, mais nous pensons que la volonté de s’émanciper de l’écosystème à l’aide de la technique est une démarche qui va à l’encontre de son plein accomplissement. Nous ne sommes pas du tout partisan du néo-malthusianisme, nous louons la maternité et nous pensons que dans les conditions naturelles, la démographie se régule d’elle-même.

– Quel est le but de votre site internet ?
Nous avons pour objectif de regrouper le maximum d’informations en lien avec l’anarcho-primitivisme afin de faire connaître cette approche dans les pays francophones, car elle est surtout théorisée aux États-Unis. Nous souhaitons contribuer à changer le regard de nos sociétés modernes sur la manière de considérer les sociétés primitives, mais aussi l’imaginaire lié à la préhistoire, et plus généralement le concept d’évolutionnisme social. Nous espérons apporter des réponses aux questions existentielles, une compréhension du monde, de notre histoire, de nous-mêmes, et la bonne direction pour penser et agir juste.

– Pourquoi avoir créé un site internet si vous êtes contre la technologie ?
Nous sommes favorables à l’abolition de la technologie à terme, néanmoins son utilisation demeure envisageable dans le contexte actuel surtout lorsqu’il s’agit de visibiliser une doctrine. Le changement vient de l’intérieur, nous nous adaptons au monde actuel et nous utilisons ses outils de communication en faveur de nos idées. Nous ne sommes pas dogmatiques et nous ne disons pas qu’il faut tout plaquer immédiatement pour aller vivre dans la forêt. Nous invitons d’abord à la réflexion, puis à des mesures individuelles et collectives de manière intelligente et pragmatique.

Ce qui fait peur généralement, c’est d’imaginer une vie sans confort et sans technologie : comment faire sans ?
Cette peur est fondée sur :
– le fait de se référer aux sociétés sédentaires traditionnelles rurales qui présentent à la fois des avantages et des inconvénients par rapport à la modernité. On est bien loin de la vie primitive ; il s’agit d’un stade de néolithisation avancé dont les maux appellent le progrès en guise de remède. Il faut bien distinguer ce qui relève du sauvage (instinctif) -qui répond aux besoins réels- et de la domestication (aliénation) -qui s’inscrit dans le processus civilisationnel.
– la croyance selon laquelle les sociétés primitives sont des sociétés “sans”. Qu’elles manquent de. Or, ce n’est pas le cas. Les sociétés primitives ne manquent de rien et remplissent les besoins humains sur tous les plans. Le lien social est fort, ils rient, jouent, dansent, chantent, s’amusent, prennent plaisir. C’est pourquoi les changements sont toujours imposés de force de l’extérieur, même chez les chasseurs-cueilleurs d’Europe.
L’idée n’est pas de se mettre en difficulté inutilement. Tous les êtres vivants cherchent à se sentir bien, et le maintien de ce bien-être garantit la satisfaction des besoins ; c’est la fonction du système nerveux, neuronal, hormonal.
Nous ne préconisons pas de “quitter le confort” pour l’austérité ; la vie sauvage n’est pas exempte de confort et de technique mais dans la mesure : ceux-ci répondent à des besoins élémentaires.
Ce qui importe surtout est de réfléchir sur ces questions et de comprendre que nous sommes tout à fait capables en tant qu’être humain de vivre en autonomie, nous avons les ressources en nous, et tout notre être y aspire.

– N’est-ce pas un peu radical, extrême, de vouloir retourner à un mode de vie primitif ?
La guérison est-elle radicale par rapport à la maladie ? Nous remontons aux causes de l’aliénation, et cela remonte à loin. Nous ne croyons pas en un “juste milieu” durable où nous ne serions malades qu’à moitié. Nous pensons avoir besoin d’une phase de transition mais que celle-ci aboutira à la réunification de l’être humain à son état primordial, qui est celui des origines. Nous pensons que c’est l’origine et la fin de tout être humain, indépendamment de notre contribution.

– Quel est le profil d’un anarcho-primitiviste dans la société ?
N’importe qui peut l’être tant qu’il fait sienne la réflexion. Il n’y a pas un profil-type qui puisse prendre conscience de soi en remontant la génèse de l’humanité. Mais pour jouer le jeu de la sociologie, les profils les plus prompts à s’intéresser à la question sont sûrement : les personnes intéressées par l’anthropologie et la préhistoire, les naturalistes, les matriciens, les écoféministes, les hygiénistes, les naturistes, les guénoniens, les spinozistes, les taoïstes, les anarchistes, les identitaires, les traditionalistes, les permaculteurs, les survivalistes, les immanentistes, les personnes qui s’intéressent au paganisme, au chamanisme, à leurs origines… la liste peut encore être rallongée.


A venir :

– Je suis attaché au concept de civilisation et j’ai une admiration pour les civilisations antiques qui semblaient plus spirituelles que la nôtre. Quelle place leur donner dans la réflexion primitiviste ?

– Pourquoi vouloir renoncer à nos grands acquis, nos grandes découvertes, notre confort ? Pourquoi ne pas plutôt trouver un juste milieu, un compromis entre modernité et écologie ?

– En quoi les sociétés primitives constituent-elles des modèles pertinents à reproduire ?

Quid de la démographie ? Comment répartir et nourrir autant de monde, avec ce mode de vie ?

– Y a-t-il une relation entre le sujet social de votre recherche et « l’état naturel » du rationalisme des Lumières ?

– N’est-ce pas une porte ouverte aux dérives sectaires ?

– Quelles sont les sources culturelles de l’anarcho-primitivisme ?

– Quel épanouissement promet l’anarcho-primitivisme ?

– Croyez-vous sérieusement qu’un retour à la nature est mondialement possible ?

– Si les sociétés primitives sont quasiment toutes menacées/éteintes, cela ne signifie-t-il pas que c’est le cours normal de l’humanité et que nous devrions l’accepter ?


– Que penser des civilisations anté-diluviennes très évoluées ? des atlantes ? des géants ? Les peuples primitifs contemporains ne seraient-ils pas des rescapés de ces civilisations qui auraient survécu au déluge ?

– La science a mis fin à un nombre considérable de superstitions. Pourquoi vouloir retourner à un état d’ignorance ?

Quelles sont les idéologies conditionnées dans la croyance arnacho-primitiviste ? Quelles frustrations en ressortent ?

– Le retour à une vie plus naturelle est obligatoire aujourd’hui. Quels méthodes ancestrales réadaptées pourraient aider l’humanité dans sa transition écologique ?

Le feu a-t-il été la première phase de dégénérescence ou alors serait-ce la sédentarisation avec le début de l’agriculture ? Ou juste une deuxième phase ? Qui, on le sait, marque le début des premières grandes civilisations ce qui a entraîné le début des grandes épidémies.

Quel rapport l’homme primitif entretenait avec la mort et la souffrance par rapport à l’homme d’aujourd’hui ?