Pourquoi l’anarchie, pourquoi le primitivisme ?

Dans cet article, nous allons clarifier cette terminologie qui n’est finalement qu’une étiquette pour indiquer une posture, face à la situation de notre époque. Construit sur le terme “primitif” relatif aux conditions premières de l’être humain, et “anarchie” qui est l’absence de pouvoir (mais pas d’ordre), il est en fait un pléonasme puisque les premières formes d’organisation sociale humaine sont anarchiques. Nous pourrions donc parler de primitivisme tout court, terminologie déjà employée en histoire de l’art. Le préfixe “anarcho” répond seulement à un souci de classification politique. Mais pourquoi l’anarchie, pourquoi le primitivisme ?
Dans un premier temps, nous allons démontrer en quoi l’organisation première de tout groupe social humain est effectivement l’anarchie, en précisant la définition de ce terme et en s’appuyant sur de nombreux exemples ethnographiques. Dans un deuxième temps, nous allons aborder l’indispensable question de la violence et de l’altruisme dans la nature, et leur gestion. Et enfin, dans un troisième temps, nous allons préciser le concept de primitivisme afin de mieux comprendre en quoi est-il justifié et bienfondé de se référer à la condition originelle de l’être humain, si tant est que l’on parvienne à la redécouvrir authentiquement sans biais cognitifs.

I. L’organisation sociale naturelle est l’anarchie.

Nous avons associé dans le langage courant l’idée d’anarchie à celle de désordre, de chaos, mais il n’en est rien. L’anarchie est dérivé du grec “anarkhia”, composé du préfixe a- et du mot arkhê (pouvoir) : il s’agit d’une absence de pouvoir, de commandement distinct des membres du groupe social sur lequel il s’exerce. Cela ne veut pas dire que tout le monde est libre de faire tout et n’importe quoi : la constitution d’un groupe social impose d’elle-même des règles ayant pour fonction d’assurer la cohésion sociale. Par conséquence, l’anarchie intègre tout à fait la nécessité de l’ordre et des règles. Comme expliqué dans notre FAQ, il n’est pas maladroit d’affirmer que les sociétés claniques sont anarchiques, parce que dans le clan, l’ordre, la loi, les règles, émergent des membres et non d’une entité distincte détenant le monopole de l’autorité à laquelle se soumettraient les membres.

[…] dans le clan, l’ordre, la loi, les règles, émergent
des membres et non d’une entité distincte détenant
le monopole de l’autorité à laquelle se
soumettraient les membres.

La constitution de groupes sociaux est inhérente à la vie humaine. Nous pourrions dire que c’est une loi de la nature qui assure le maintien de ce qui est : nous sommes interdépendants, rien n’est totalement isolé. C’est ce qui conduit à l’idée que l’être humain est un animal social : pour son équilibre physique, psychique et sa propre survie, il est amené à interagir. Dès notre conception, nous sommes dépendants de notre mère dont nous sommes issus et la filiation nous rattache donc, de manière certaine, à notre génitrice ; nous intégrons dès le départ une communauté basée sur le lien maternel autrement appelé le lien de sang, ou utérin. C’est un lien d’amour qui se traduit biologiquement par la production de l’ocytocine, l’hormone de l’attachement et de la confiance, qui constitue la genèse des relations humaines – et c’est cela qui détermine l’aspiration et l’aptitude des individus à répondre à l’intérêt du groupe. Le groupe social primitif, c’est le clan construit, à l’origine, autour de ce lien utérin induit par le principe de génération. Aujourd’hui encore, nous retrouvons cette forme primitive dans de nombreuses sociétés claniques, par exemple chez les Sans (Bushmen). Mais au fil de l’histoire, certains clans ont pris des formes très diversifiées, dont certaines faisant apparaître l’invention du mariage pour garantir la lignée agnatique, paternelle, et la séparation de la mère et de l’enfant – qui elles aussi varient selon les cultures et dont les causes anthropologiques demeurent en suspens.

“[…] la dimension génétique, familiale/sociale, politique
et juridique sont unifiées en un socle commun et cimenté
par l’origine commune, mais aussi la dimension rituelle…”

Dans le clan, la filiation ne règle pas seulement la parenté, mais l’ensemble des niveaux politiques et juridiques. Autrement dit, la dimension génétique, familiale/sociale, politique et juridique sont unifiées en un socle commun et cimenté par l’origine commune, mais aussi la dimension rituelle, puisque cette origine commune est matérialisée par un totem, être mythique représentant l’ancêtre éponyme du clan qui, par des pratiques rituelles, est sans cesse réactualisé dans la mémoire collective de ses descendants.

Les sociétés primitives égalitaires, sans chef ni état, sont la plupart du temps des sociétés nomades ou semi-nomades. Le nomadisme leur permet d’éviter l’accumulation de bien, source d’inégalité. Les sociétés égalitaires effectuent une redistribution immédiate et une consommation de leur prédation ou production en un jour ou deux, contrairement aux sociétés inégalitaires avec stockage de surplus et redistribution différée.

Voici quelques exemples de sociétés sans chef ni état :
– les Sans (ou Bushmen, Bochiman), parmi lesquels font partie les !Kung : c’est un peuple de chasseurs-cueilleurs d’Afrique Australe, les premiers habitants de cette région, dont l’ADN est en théorie le plus proche de l’Eve mitochondriale et l’Adam chromosomique. Ce peuple vit en clan matrilinéaire et matrilocal.
– les Mbuti (ou Bambuti), l’un des plus anciens peuples pygmées de l’Afrique centrale. Ce sont des chasseurs-cueilleurs formant une société égalitaire, sans chef et très peu organisée, dont la plus petite unité est la bande. Les problèmes sont discutés et les décisions sont prises par consensus autour du feu.
– les Adamanais, habitants autochtones des îles Andaman, archipel situé au nord-est de l’Océan Indien, incluant les Grands-Adamanais, les Jangil, les Jarawa, les Onge, et les Sentinelles.
– les Nuer, peuple agropastoral semi-nomade d’Afrique de l’Est, décrit par l’anthropologue Evans-Pritchard comme une “anarchie ordonnée” : les individus ne sont pas soumis à un pouvoir et ne s’attachent pas à la conquête du pouvoir. Ils vivent en bonne harmonie sociale au sein de leur village et la structure politique s’exprime en langage lignager : c’est le système des lignages qui joue le rôle de structure politique, à l’image de ce que nous expliquions au-dessus.
Liste non-exhaustive : ce serait trop long de les mettre toutes. La plupart des sociétés claniques de chasseurs-cueilleurs sont égalitaires, mais tous les cas de figure peuvent exister.

Les rôles de chaque membre dans le groupe sont auto-attribués. Certaines fonctions sont sexuées pour des raisons plus ou moins naturelles : la chasse ou l’élevage sont surtout assurés par les hommes, tandis que la cueillette et les occupations domestiques, comme le tissage, par les femmes. Cela ne signifie pas qu’une telle répartition implique forcément une domination masculine. La répartition des rôles dans le groupe s’effectue aussi en fonction de l’âge.

Puisque nous parlons d’organisation sociale spontanée, naturelle, qu’en est-il des animaux ? Les bonobos, dont le génome est similaire au nôtre à plus de 98%, vivent en société égalitaire matriarcale. Ils sont connus pour leur pacifisme et leur manière unique de résoudre les rares conflits par le sexe. Chez les fourmis et les abeilles, insectes sociaux par excellence, organisés en société hyper-complexe, c’est l’intelligence collective qui détermine le rôle de chaque individu. Bien qu’ils soient organisés en “castes”, la reine ne dirige pas ; ce sont les interactions entre les membres qui permettent à l’organisation de prendre forme, dans une constante adaptation à la situation à l’instant T. Chez les primates dont les humains chasseurs-cueilleurs, mais aussi les éléphants, les chauves-souris ou encore certains ongulés, le modèle d’organisation est la société à dynamique de fission-fusion : la taille et la composition du groupe social évolue selon le moment ou l’environnement dans lequel les animaux se déplacent : les animaux se regroupent (fusion), par exemple pour dormir ensemble, ou se séparent en sous-groupes (fission), par exemple pour chercher de la nourriture en petits groupes pendant la journée. La division des groupes, de cette manière, permet de limiter les désaccords.

“Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il existe chez les êtres vivants
une intelligence collective qui assure l’auto-organisation
sociale empêchant l’entropie.”

Selon l’éthologue Cédric Sueur, les processus de décisions collectives que l’on observe chez divers groupes d’animaux sociaux sont un moyen de maintenir la cohésion du groupe. « Si l’organisation était trop despotique, certains animaux quitteraient le groupe, et ce dernier perdrait ses avantages, notamment en matière de protection contre les prédateurs ». Par exemple, chez les bisons d’Europe le choix consensuel de la direction prise par le groupe permet de préserver la taille du groupe et même de recruter d’autres membres.
Les bancs de poissons ne sont pas hiérarchisés, de même que les oiseaux lorsqu’ils se déplacent en groupes. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il existe chez les êtres vivants une intelligence collective qui assure l’auto-organisation sociale empêchant l’entropie.

Pour finir, précisons que l’histoire de l’État (avec, entre autre, un pouvoir centralisé) a moins de 6000 ans, les plus anciennes cités-Etats ayant été trouvées dans l’ancienne Mésopotamie vers 3700 avant JC. Elle ne représente que 3% de toute l’histoire humaine.

II. L’homme n’est pas un loup pour l’homme.

Ce qui inquiète souvent, dans l’idée d’une absence de pouvoir, c’est la question de la gestion des conflits, et le risque de prédation et de domination qui viendrait perturber la cohésion sociale. “L’homme est un loup pour l’homme”, dit l’adage qui à l’origine, parlait de “l’homme qu’il ne connait pas” ; l’auteur Plaute visait la peur de l’inconnu et non la violence des humains. Comment une société peut-elle tenir, sans système juridique distinct, sans que cela termine dans un bain de sang ? Nous pensons aux éternelles guerres de tribus, aux crimes d’honneur, aux vendettas. Comment s’en prémunir ?

Tout d’abord, la violence organisée, à grande échelle, militarisée ou régulière entre humains, était absente pour la plus grande partie de l’histoire humaine et n’a commencé que récemment à l’Holocène, une époque qui a débuté il y a environ 11700 ans avec l’avènement de densités de population plus élevées, dues au sédentarisme.

“La violence organisée […] était absente pour la
plus grande partie de l’histoire humaine et n’a commencé
que récemment à l’Holocène, […] avec l’avènement
de densités de population plus élevées, dues au sédentarisme”

L’anthropologue Douglas P. Fry a beaucoup écrit sur l’agression, le conflit et la résolution de conflits, s’engageant fréquemment dans le débat sur les origines de la guerre. Il argumente contre les affirmations selon lesquelles la guerre ou l’agression mortelle serait enracinée dans l’histoire humaine. Je l’apprécie particulièrement car il se distingue des autres chercheurs par son honnêteté intellectuelle : pour le cas des chasseurs-cueilleurs actuels, il prend en considération les influences extérieures qui ont impacté considérablement leur culture. Il suggère que toutes les sociétés tribales, par le « fait même d’avoir été décrites et publiées par des anthropologues, ont été irrévocablement touchées par l’histoire et les États-nations coloniaux modernes » et que « beaucoup ont été touchées par d’autres sociétés étatisées pendant au moins 5 000 ans ». Cela vaut à la fois pour la question de la violence que pour celle du patriarcat.

Dans la même veine, Frédéric Keck nous rapporte, dans “Mentalité primitive et ethnologie du droit. De Lucien à Henri Lévy-Bruhl” les propos d’Henry Lévy-Bruhl le fils de Lucien, qui précisent que :
” De plus en plus, on se rend compte, maintenant, que les sociétés même les plus rudimentaires, et qu’en conséquence on pouvait regarder comme les plus archaïques, peuvent avoir une histoire et avoir traversé de nombreuses vicissitudes. Il se peut que leur « primitivité » ne soit pas naturelle, mais acquise, et que loin d’être originelle, elle soit le fruit d’une dégénérescence due à des conjonctures variées : c’est ce qu’on appelle parfois le « pseudo-primitivisme ».
Cette constatation est de nature à expliquer dans un certain nombre de cas l’analogie, voire la similitude, des coutumes chez des groupements sociaux voisins mais actuellement distincts les uns des autres. Mais on aurait tort de croire qu’il en a toujours été ainsi. Dans de nombreux cas, il est sinon impossible, du moins très difficile d’admettre que des régions voisines aient été soumises à un même pouvoir politique. Pour elles, il convient donc de modifier cette explication en faisant appel, par exemple, à l’influence que tel ou tel système de coutumes a pu exercer sur des populations voisines (ou même éloignées) qui le lui ont emprunté.”

La neurobiologie montre qu’il existe des zones
cérébrales de la satisfaction et de la récompense qui
sont activées lorsque l’on se montre généreux.
Inversement, les zones du dégoût et de l’aversion
le sont lorsque nous sommes face à une injustice.
Les neurones miroirs nous font ressentir

la douleur chez l’autre.”

Jacques Lecomte, docteur en psychologie, nous dit :« L’opposition binaire entre le bien et le mal est excessive. L’être humain possède des potentialités pour les deux. Mais la potentialité à la bonté et à l’empathie est plus importante que l’inverse. Des études ont révélé que les bébés qui commencent juste à marcher, dès l’âge de 1 an, peuvent aider spontanément des adultes en difficulté pour ouvrir un meuble. La neurobiologie montre qu’il existe des zones cérébrales de la satisfaction et de la récompense qui sont activées lorsque l’on se montre généreux. Inversement, les zones du dégoût et de l’aversion le sont lorsque nous sommes face à une injustice. Les neurones miroirs nous font ressentir la douleur chez l’autre. Sur ce substrat viennent se greffer l’éducation, le milieu, la culture. Dans les relations humaines, la violence n’est qu’une attitude par défaut.
Si l’on examine la guerre, la thèse selon laquelle elle est spontanée pour les hommes est battue en brèche. Il y a une véritable répugnance à tuer chez l’humain, et, s’il le fait, cela entraîne la plupart du temps de la culpabilité. D’où l’utilisation du conditionnement, de l’entraînement, de la drogue, de l’alcool, de la soumission à l’autorité pour obtenir la violence.

Oui, le goût de la violence pure existe, mais elle ne concerne qu’un ou deux pour cent de la population, chez les sociopathes. L’homme n’est pas un loup pour l’homme. »

Michel Odent a mis en lumière le lien entre la privation du collostrum maternel chez le nourrisson et la naissance de l’agressivité humaine.

Les conflits sont évités avant d’être résolus, comme en Afrique de l’Ouest et Centrale avec les parentés à plaisanterie, pratique sociale permettant à certains groupes de se moquer ou s’insulter sans conséquence pour apaiser les tensions. De base, comme nous avons expliqué au-dessus, l’organisation sociale en petits groupes permet de limiter les conflits, et le fait qu’ils partagent une origine commune donc une cause commune assure l’effort individuel au nom du bien commun. Les fêtes et cérémonies collectives contribuent également à l’apaisement social. La plupart du temps, les conflits sont résolus par la discussion autour d’un feu, sous un arbre comme l’arbre à palabre. Quant à l’ordalie, elle ne concerne pas tant les formes primitives mais tend plutôt à se développer dans des économies de pénurie ou de crise, et est étudié par l’anthropologie du droit. Le gacaca est le tribunal communautaire villagois au Rwanda : “À l’origine, les gacaca permettaient de régler des différends de voisinage ou familiaux sur les collines. Elles étaient très éloignées des pratiques judiciaires modernes. Il s’agissait d’une assemblée villageoise présidée par des anciens où chacun pouvait demander la parole.”

Pour une recherche complémentaire sur la question des résolutions de litiges dans les sociétés sans état de droit, nous vous suggérons ce document : Justice traditionnelle et réconciliation après un conflit violent – La richesse des expériences africaines. L’être humain peut être très créatif pour la réconciliation et la médiation, et pas seulement pour la sanction : nous sommes ici bien loin des sociétés qui pratiquent l’emprisonnement, la torture, la lapidation, l’immolation et autres punitions basées sur la souffrance, encore d’actualité dans les sociétés “évoluées”.

III. La condition primitive est celle que nous devons retrouver.

Par définition, est dit primitif ce qui appartient au premier état d’une chose, du moins un état proche de son origine. En soi, ce terme est neutre et objectif ; en sciences humaines, il peut être pertinent de l’employer pour qualifier un peuple ayant conservé un mode de vie supposé semblable à celui des premiers hommes. Mais d’un point de vue de l’évolutionnisme social, le “premier état de l’humanité” équivaut en quelque sorte au stade de l’enfance, allant nécessairement vers un stade plus avancé à un rythme plus ou moins rapide selon les capacités intellectuelles de chacun. Pour Jean-Baptiste Lamarck par exemple, la vie évolue en allant du moins parfait au plus parfait et du moins complexe au plus complexe. Ce terme a ainsi donc une connotation péjorative et condescendante, puisqu’elle considère que les peuples primitifs contemporains sont restés “bloqués” à l’âge de pierre en raison d’une infériorité intellectuelle, et que les peuples prétendument évolués ont pour devoir de les asservir, sinon de les aider à les rejoindre dans la course au progrès technique et scientifique. Le problème sémantique posé par ce terme n’est donc pas dans sa définition propre, mais dans l’idée que sous-entend son usage par les théoriciens évolutionnistes adhérant à cette vision tantôt paternaliste, tantôt suprématiste, à l’égard de populations indigènes ayant un rapport à la réalité considérablement différent.

De notre part et celle de tous les anarcho-primitivistes, ce terme est évidemment employé pour sa définition propre, qui fait référence à l’état proche de son origine. L’état d’origine correspond à l’état naturel, instinctif, correspondant à notre génétique. Nos gènes déterminent nos besoins et nos comportements : il y a effectivement une grande part de déterminisme. Plus nous nous en éloignons, plus les conséquences sont graves pour notre santé aussi bien physique que mentale. Par exemple, une alimentation instinctive répond aux besoins véritables de notre corps et permet d’éviter de nombreuses maladies, infections et même les troubles mentaux. L’organisation primitive clanique sans chef ni état permet de supprimer la domination, l’injustice sociale, la guerre et minimise les conflits. La nudité permet de prévenir les troubles d’ordre sexuel liés à l’occultation du corps.

“L’homme est la nature qui prend conscience d’elle-même.”
(Élisée Reclus). Nous pouvons imaginer que la civilisation

a pour seul but la conscientisation qui amène à un
retour conscient au commencement qui est la fin (cycle).

Tout cela est-il toujours possible compte tenu de notre mentalité actuelle ? L’état primitif n’est possible qu’en réunissant les conditions primitives comme l’accès à un mode de vie et une alimentation naturelle, et cela ne peut passer que par une phase transitoire découpée en plusieurs étapes intermédiaires que nous développerons prochainement. La reconnexion est toujours possible, le lien n’est jamais rompu, et c’est tout l’enjeu de cette ère d’égarement : reconnaître en soi cette réalité qui est toujours intacte malgré les milliers d’années de conditionnement, et la manifester de nouveau en toute connaissance de cause, à l’image de l’ourobouros. “L’homme est la nature qui prend conscience d’elle-même.” (Élisée Reclus) Nous pouvons imaginer que la civilisation a pour seul but la conscientisation qui amène à un retour conscient au commencement, qui est identique à la fin (cycle).

Cette conscientisation se fait, aux yeux de l’histoire, au prix de notre sacrifice au nom du Progrès pour la Toute Puissance : j’accepte de m’éloigner de moi-même (intériorité) pour servir un but que l’on m’a inculqué, celui de la Toute Puissance extérieure à moi-même, qui permettra (aux plus riches) de conquérir l’espace, de tout savoir, de défier toutes les lois naturelles (omniscience, omnipotence, omniprésence) par la voie mécanique et non mystique.


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